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La genèse de Madame BOVARY
Exploration des 4660 manuscrits
de Gustave Flaubert.

Conférence de Madame Danielle Girard
professeure de Iettres et chercheuse associée au Centre de Recherches Editer et Interpréter (CEREd!) de l'Université de Rouen
donnée le samedi 18 octobre 2008

 

Madame Danielle Girard a brillamment montré à un public vivement intéressé toutes les possibilités de recherche qu'offre l'informatique pour explorer l'inestimable trésor que constituent les manuscrits préparatioires de Madame Bovary conservés à la bibliothèque municipale de Rouen.

"Souris en main", Madame Girard a fait découvrire les infinies possibilités du site Internet "l'Atelier BOVARY" qu'elle a initié. Le meilleur compte-rendu de sa conférence est certainement de découvrir ce site à l'adresse :

http://flaubert.univ-rouen.fr/bovary/atelier/atelier.php

Madame Danielle Girard a dirigé l'édition intégrale en ligne des manuscrits du roman, qui rend accessibles à tous l' ensemble des brouillons de l' écrivain et l' élaboration de l'oeuvre.

(En cliquant sur cette reproduction de la page d'accueil du site, vous y accéderez directement)

 

La genèse de Madame Bovary

 

Les manuscrits de Madame Bovary sont aujourd'hui conservés à la Bibliothèque municipale de Rouen, à laquelle ils ont été confiés en 1914 par la nièce de Flaubert. Jusqu'alors ils étaient accessibles seulement aux chercheurs. Désormais, grâce à l'informatique, ils peuvent être consultés sur Internet à domicile et à volonté par qui le souhaite. En 2003, la Bibliothèque municipale les a numérisés et le Centre Flaubert de l'Université de Rouen a procédé à leur transcription. Madame Girard a dirigé cette édition en ligne de la totalité des manuscrits du roman.

Cette opération a exigé plus de deux ans de travail. Les brouillons de Flaubert sont en effet très nombreux et souvent difficiles à déchiffrer, compte tenu de la pratique habituelle de l'écrivain. Chez lui, le premier jet est toujours minutieusement corrigé : des mots sont barrés, des passages entiers impitoyablement éliminés, des corrections ajoutées en interligne ou dans la marge. Le texte ainsi remanié est alors recopié sur une nouvelle page, avant d'être soumis lui aussi au même traitement. On peut ainsi avoir une dizaine de folios avant l'état final. Le récit des rencontres d'Emma et de Rodolphe (II, ch. 9) a même exigé 52 brouillons. Au total, ce sont 4 546 folios qu'il fallait transcrire.

La difficulté et l'ampleur de la tâche ont nécessité le recours au bénévolat : aucun chercheur n'aurait pu mener seul un tel travail. Les volontaires, séduits par le projet, ont été nombreux à répondre à l'appel. Plus de 130 transcripteurs se sont attelés à la tâche, sans compter les classes de lycées qui ont travaillé sous la conduite de leur professeur de lettres. Il s'agit de gens de tous âges, de toutes origines et exerçant les activités les plus diverses. Le chercheur spécialiste de Flaubert côtoie le médecin, le prospecteur de pétrole, le libraire ou la femme de ménage. Toutes les régions du monde sont représentées, de la Belgique à la Polynésie ou la Nouvelle-Zélande, en passant par le Ghana, la Thaïlande, le Japon.

Les 4 546 folios ont été répartis en 250 séquences, chacune de celles-ci étant composée de tous les brouillons qui aboutissent à une même page du livre définitif. Les transcripteurs ont pu ainsi choisir une ou plusieurs séquences selon leurs goûts et le temps qu'ils pouvaient consacrer à ce travail. La tâche consistait à déchiffrer le texte et à le saisir en Word selon les codes qui avaient été établis, afin de reproduire au mieux la disposition de la page de Flaubert. Les transcriptions achevées étaient mises en ligne immédiatement. Sur le site Internet, chaque séquence fait l'objet d'un tableau génétique indiquant les strates successives du texte : les barres horizontales représentent les divers brouillons, dans l'ordre où ils ont été écrits, depuis le premier état du texte (en bas du tableau) jusqu'à la version finale. En cliquant sur les barres, on voit s'afficher la transcription du manuscrit. La saisie informatique permet également d'interroger la base de données avec un moteur de recherche spécialement créé à cet effet.

Dans un article consacré à la présentation de ce travail ("Numériser Flaubert", Etudes normandes , 2007, n° 4, p. 9-16), Danièle Girard résumait ainsi l'ambition de ses concepteurs : "Nous voudrions que le site Bovary soit un simple tremplin pour toutes les recherches à venir. On n'y trouvera que des documents bruts : l'image des manuscrits avec l'écriture si attachante de Flaubert, les transcriptions, les index, les cartes, les illustrations de quelques éditions du roman. A partir de là, chacun, selon son niveau, selon son projet, entreprendra des recherches personnelles".

 

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