![]() |
Société
d'Etudes Diverses |
Histoire
- Dossiers
Petite Histoire de la Coutellerie(1) |
![]() |
Retour à la page d'accueil | ![]() |
![]() |
Rubrique Histoire | ![]() |
![]() |
Les Dossiers | ![]() |
Le 8 décembre 2001,
Monsieur Alain Bureau, invité par la SED, a présenté une conférence de grande qualité intitulée : « Une
Histoire de Couteaux » et sous-titrée « Brève histoire de
la coutellerie en France ».
La
Période préhistorique L’histoire du Couteau
côtoie celle de l’homme et celle de ses outils, dès leurs débuts. Si le Paléolithique
Inférieur ( - 2M à – 100 000 ) voit les préhominiens australopithèques
s’aider principalement d’éléments naturels bruts ( branches, cailloux,
galets, os entiers …), c’est vers la fin de cette période ( - 30 000
) que l’ « homo erectus »,
devenu « homo habilis », commence
à les aménager, pour les adapter à la fonction recherchée : c’est
la véritable naissance de l’OUTIL et de ses 4 fonctions
essentielles : Ecraser (ou enfoncer, ou . . . assommer !),
couper, racler et percer. Les trois dernières d’entre elles sont caractéristiques
du couteau, même s’il faudra encore patienter pour qu’elles se trouvent
réunies sur le même objet. Le Paléolithique
Moyen ( - 100 000 à – 35 000 ) s’ouvre
donc après, la maîtrise de l’outil et du feu. Pendant cette période
de l’ « Age de Pierre », l’Homme de Néanderthal
devient « homo sapiens » et maîtrise la taille de la pierre,
par percussion, en créant des monofaces, puis
des bifaces, déjà fort tranchants Le Mésolithique
(- 10 000 à – 5 000) est, par excellence, la période de la « pierre
taillée » puisque marquée par la maîtrise fine de la technique
des éclats ; apparaissent des grattoirs et des lames
redoutablement efficaces, dotées parfois de deux tranchants opposés.
L’homme découvre même l’ « affûtage »puisque, si ce « fil »
particulièrement résistant vient à se détériorer, quelques percussions
judicieuses recréeront un nouveau tranchant. Il est à noter que la qualité
de coupe de ces couteaux primitifs était telle que les outils de silex
survivront plus de deux mille ans aux débuts de la métallurgie, soit
toute la période de l’Age du Cuivre, et même une partie de l’ Age du
Fer. En effet, seul un bon niveau de maîtrise de la trempe de l’acier
parviendra à assurer de façon pérenne la suprématie de ce métal. Pour
la petite histoire, sachez qu’aujourd’hui, Bernard Ginelli
(voir les deux illustrations en fin de document), paléontologue passionné
qui a retrouvé les gestes et les techniques, recrée des lames de silex
parfois très fines – toujours très belles ! – avec lesquelles vous
pouvez tranquillement découper votre steak ! Le Néolithique ( - 5 000 à – 2 500 )est une époque phare dans le développement
humain puisqu’elle voit se superposer le règne de la pierre polie et
le primo-avènement de la métallurgie, dont l’Orient sera le porteur,
bien avant l’Europe : c’est même vers – 7000 que le premier site
répertorié du travail du cuivre aurait été ouvert, en Turquie ;
l’Iran avait, vers – 5 000, réussi les premiers alliages, et découvert
la fonte ; avant que les chaldéens n’inventent la trempe des métaux
ferreux, vers – 3 000. C’est aussi en Egypte que les outils et les couteaux
se dotent de pédoncules faisant office de manches, et permettant
aussi l’accrochage ; le manche, jusqu’alors élément rapporté, devient
partie intégrante de la fabrication. Le couteau égyptien découvert à
Gebel El Arak,à lame de silex La Protohistoire,
dite « Age des Métaux », verra le territoire
de l’Europe actuelle « découvrir » et maîtriser à son tour
toutes les techniques métallurgiques .La France joue alors un rôle moteur
, et plus particulièrement le Sud-Ouest (plus de 200 sites recensés
dans le seul Périgord) et le Sud . La richesse de ses forêts (
charbon de bois ), de son minerai et de son réseau hydrographique,
explique largement cette situation pivot dans une civilisation toute
tournée vers la métallurgie et la forge. Mais la situation d’ouverture
sur la Méditerranée et l’ Atlantique seront des atouts de plus en plus
importants, pour ce qu’il faudra bien considérer comme les premiers
échanges commerciaux ( matières premières surtout ; peu de produits
élaborés ) ; il convient de noter que –déjà ! –, avant tout
troc, nombreuses furent les expéditions armées et belliqueuses chargées
de rapporter les minerais les plus précieux (zinc par exemple). Au cours du Chalcolithique , plus connu sous le vocable d’ « Age
du Cuivre » ( - 2 500 à – 2 000 ), l’utilisation des armes
et outils de pierre demeure prédominante ; et cette période, avec
le recul historique, apparaît plutôt comme le « laboratoire »
( alliages, martelage, tôles, perçage, mise en formes, … ) des métallurgies
à venir, qui s’avèreront plus opérationnelles. S’agissant du cuivre
lui-même, sa forte malléabilité le prédispose peu à la fabrication d’outils
et de couteaux ; et il trouve plutôt sa vocation dans la réalisation
de récipients (gobelets surtout ), ainsi que dans des créations à but décoratif. On
retrouve néanmoins dans l’Isère (vers – 2 000) des poignards de cuivre,
surtout intéressants par l’apparition des premières soies axiales
(partie fixe cylindrique ou plate forgée en prolongement de la lame,
et permettant son emmanchement). Grâce à cette technique, le bois retrouve
son rôle dans la confection des manches, une sorte de « goudron »
ou de colle végétale, ou de tendons liquéfiés à la chaleur servant à
coller la soie dans le manche. L' « Age
du Bronze » (-2 000
à – 1 000) produit des métaux enfin efficaces, durs, affûtables.
La technique du moulage permet aussi d’obtenir certaines formes
ou tailles particulières, beaucoup plus aisément que par forgeage. C'est
néanmoins cette dernière technique qui reste la clé de voûte du système
de production ; à tel point qu'une modification sociale s'impose rapidement
: la caste des forgerons prend le pas sur la caste des chasseurs. -1000 : c'est le début
de l' « Age de fer » avec une montée en
charge rapide. Le soudage à
la forge vient s'ajouter aux techniques déjà maîtrisées, ainsi que
celle du « revenu »(réchauffage
à température moyenne d’un acier préalablement trempé, afin de le rendre
plus souple, moins cassant***). À Chypre ont été découverts en – 1050,
23 couteaux trempés, cémentés... et revenus ; ainsi que le prouve leur
étude cristalline. La cémentation du fer par le carbone n'a été
décrite pour la première fois, par Théophile, qu’ en
1130 ; même s'il faudra attendre 1781 pour qu'un savant suédois
trouve que fer et carbone forment en fait un véritable alliage, l’acier. |
![]() |
Retour à la page d'accueil | ![]() |
![]() |
Rubrique Histoire | ![]() |
![]() |
Les Dossiers | ![]() |