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Saint Samson | Périers/ le Dan |
Valcabrère | Pointe de la Roque |
Depuis Mexico, un visiteur du Site, nous a demandé ce que "nous avions sur Saint Samson de la Roque". Pour lui répondre, nous avons repris l'intégralité d'un article de Léon Coutil publié en 1925, suite aux fouilles qu'il avait effectuées en 1922 dans cette commune à la recherche de l'abbaye mérovingienne de Pentale. Nous avons également reproduit les illustrations de cet article de Léon Coutil, constituées de dessins ( et de quelques photos) réalisés par l'auteur. |
|
Enfin nous avons ajouté des éléments empruntés au livre "L'Eure de la préhistoire à nos jours" publié en 2001 sous la direction de M. B. Bodinier, aux éditions Bordessoules. Ainsi que quelques photos récentes prises à Saint-Samson de la Roque ou relatives au texte de L. Coutil. |
SAINT-SAMSON-DE-LA ROQUE
MONASTÈRE MEROVINGIEN & CAROLINGIEN
DE PENTAL LÉGENDES
et TEXTES. Une
étude de Léon Coutil, publiée en 1925, dans le
Tome XVIII du Bulletin |
M.
Auguste Le Prévost ([1]),
et après lui l'abbé Carême et Charpillon ([2]),
ont rapporté une légende qui s'écarte entièrement des divers récits
très connus des Acta Sanctorum. Nous rapportons cette légende,
en l'abrégeant, et en la faisant suivre des parties de textes anciens,
afin de mettre en garde contre les commentaires de certains auteurs
locaux, car il est grand temps de faire cesser ces compilations de
pure fantaisie. «
Saint Samson, originaire du Pays de Galles, et évêque de Dol, se serait
rendu un jour auprès du roi Childebert Ier (qui était
venu dans son palais d'Arélaune, pourchasser dans la forêt de Brotonne,
située dans le voisinage) ([3]). « Après avoir heureusement
rempli sa mission et reçu de nombreuses marques de la munificence
du souverain, il se disposait à regagner son diocèse, lorsque le monarque,
à son tour, implora le secours du saint prélat contre un serpent qui
désolait la contrée et avait établi son repaire dans une caverne voisine,
nommée depuis le trou de Saint-Béranger ([4])
; comme il avait déjà détruit d'autres reptiles, il se fit conduire
devant son repaire, lui passa son étole autour du cou, et le conduisit
ainsi en lesse (sic) en chantant son psaume accoutumé. Arrivé au bord
de la Seine, il lui ordonna de la traverser, puis de rester paisiblement
caché sous une pierre. Le roi voulut qu'un monastère fût fondé
à proximité de ce lieu et attestât le miracle et sa reconnaissance. «
Saint Samson ne quitta cette région qu'après avoir établi une abbaye
à laquelle il donna le nom breton de Pental, et l'avoir peuplée
d'un nombre de religieux suffisant pour y assurer le service divin
». On a prétendu, sans aucune preuve, qu'il serait revenu mourir à
Pental, ou que ses restes y furent apportés, mais la vérité est qu'il
mourut à Dol, le 28 juillet 565. La
première mention du monastère de Pental se trouve dans les Acta
Sanctorum ([5]),
où il est simplement mentionné, à propos d'un miracle survenu en Cornwall,
où Saint Samson chasse le démon et où il exorcise un individu. Quelques
pages plus loin, le monastère est encore cité ([6]). La
Gallia Chriatiana cite aussi : « Pentale abbatia fundata a
Childeberto I, anno circiter 550, non longe a confluentibns Sequanae
ac Riselae ». Pental est cité ensuite dans la vie de
Saint Germer, dans les Acta sanctorum ([7]). Ainsi qu'on a pu
le remarquer précédemment, la rivière la Risle est d'abord désignée
sous le nom de Risela, et ensuite Risilinus, Lizirinus,
Litizina et Lizaine.
Enfin,
la vie de saint Germer, éditée par Bruno Krusch dans les Monumenta
Germaniae Historica (Scriptores rerum merovingicaum, IV, pp. 626,
633, texte du IXe siècle), met en relations son héros avec
le monastère samsonien et on ne peut savoir s'il s'agit du manuscrit
de la bib. Mazarine (Vita I) ou celui de Rouen (Vita II), on y trouve
la mention suivante (§ 9) « Ad monasterium quod dicitur Panthalum
in pago Rothomagenci qui est super fluvium Lizirinum » (p. 630
édition Krusch); cela constitue un nouveau déplacement et une erreur
topographique formidable ; la Risle (Risela) voit son nom encore
modifié en (Lizirinum), et d'affluent de gauche, elle
devient un affluent de droite de la Seine, puis reportée à
plus de 40 kilomètres en amont à l'intérieur des terres ! Mabillon
a utilisé le manuscrit de la vie de saint Samson de la bibliothèque
Mazarine (Vita I) sans additions ou remaniements ; il a utilisé d'autres
textes dans les Annales de saint Bertin et la Vie de saint Germer,
ainsi que le manuscrit de Rouen remanié par Baudri de Bourgueil, il
en a formé un tout et il est forcément arrivé assez près de la vérité
en disant que le monastère était près de la Seine et de la Risle ;
si bien que pour concilier les deux versions, le lecteur est forcé
d'adopter les environs du confluent. Quant à la caverne du serpent,
dite trou de Saint-Béranger, habitée par saint Germer à la fin de
sa vie, le texte s'accorde assez bien : « Illa cripta que est
in vasto et in solitudine super fluvium Sequene unde Samson serpentent
ejecit » (p. 631 de l'édit. Krusch) ; puisqu'elle était : « in
vasto et solitudine » et que saint Germer la demandait aux moines
de Pental pour s'y retirer, ceux-ci lui répondent : « Cur nos pater
deseris aut cui nos desolatos relinquis ». Nous n'insistons
pas sur les très importantes études pleines d'érudition et d'aperçus
inédits dues à M. l'abbé Duine, à M. Robert Fawtier et à M. Joseph
Loth, auxquelles nous renvoyons le lecteur, en retenant leur opinion
sur les plus anciennes rédactions ([8]). Avec
M. l'abbé Duine et M. J. Loth nous adoptons leur opinion que la Vita
II est du VIIe siècle, et nous insistons sur les variantes
et indécisions topographiques des textes pour dire qu'ils ont été
transcrits certainement à Dol, et non pas à Pental. Nous
tenons aussi à mettre en garde contre l'opinion d'un autre commentateur,
M. Depoin, qui a attribué à saint Germer la construction de Pental. En
effet, nous lisons dans la vie de saint Germer, p. 630 : « Anno undecimo
régnante Clodoveo rege, correctus est beatus Geremarus ad vitam salutis
ad consilium sancti Audœni et a rege Clodoveo petivit, ut se et omnia
sua deponeret et cenobio se traderet ad serviendum Deo viventi. Ad
iussionem autem régis sanctus Audœnus tonsuravit eum et dédit ei Panthaîum
monas-terium precepit que ei, ut ibi abbas esset et pastor ovium
et illuminator animarum.» M.
Depoin a mal interprété ce passage, car on ne dit pas que saint Germer
a fondé Pental, mais que saint Ouen après avoir pratiqué la tonsure
à saint Germer lui donna le monastère de Pental, ce qui prouve au
contraire qu'il existait déjà ([9]). La
seule date à peu près certaine concernant saint Samson est celle du
IIIe Concile qui fut tenu à Paris entre 556 et 578 ([10]).
Mgr Duchesne plaçait ce concile plus volontiers au temps de Caribert. Ainsi que nous l'avons mentionné, ce monastère existait en 833, époque où il est compris par Anségise, abbé de Saint-Wandrille, dans les legs aux établissements religieux du pays ([11]). Dix
ans après, les Normands vinrent pour la première fois ravager les
rives de la Seine; le monastère dut souffrir, mais il ne dut pas être
détruit, bien qu'il n'en soit plus fait mention jusqu'en 1120, date
à laquelle Baudry, évêque de Dol, s'y réfugia souvent ; il y mourut
et fut enterré près de là dans la petite église de Préaux, en 1129,
d'après ce que nous apprend OrdericVital ([12]). Par
suite, l'église du monastère devint le chef lieu d'une enclave ou
exemption avec les communes de Conteville, la Roque et le Marais Vernier
: en mémoire de la donation de Childebert, elle fut administrée jusqu'à
la Révolution par un grand vicaire de l'évêque de Dol. Pental a été cité
en 1788 par Saas, et ensuite par de Blosseville, dans son dictionnaire
topographique du département de l'Eure 1878 (p. 163). Une localité
du nom de Penante se trouvait jadis dans le voisinage de Pont-Audemer
et de Préaux.
Le
Monastère.
Nos fouilles en 1922 ([14]). Nos
premiers trous de sonde indiquèrent des sarcophages (B. C. H. I),
puis des murailles. L'édifice que nous avons retrouvé était rectangulaire
avec une déviation de 30 degrés de l'ouest vers le nord, déviation
constatée que nous avons pour tous les édifices préromans de Normandie,
parmi lesquels nous citerons pour le département de l'Eure les églises
de Notre-Dame de Rugles. Saint-Christophe de Reuilly, Saint Denis
de Bernières, Saint-Martial de Vascœil ; l'église voisine de Foulbec,
et celle de Saint-Paul-sur-RisIe, qui semble être du XIe,
présentent aussi cette déviation.
La
principale entrée du monastère de Pental probablement située à l'ouest,
à quelques mètres du vieux chemin du bac a disparu, ainsi que les
fondations du mur nord-ouest, et cela est facile à comprendre, ce
voisinage devait attirer tout d'abord les
démolisseurs, surtout
à cause des pierres de l'arc de la porte. Les fondations des murs
mesurent actuellement en longueur extérieure de l'est à l'ouest 16
m. et comme largeur 8m40, suivant que l'on compte les petits contreforts
du sud : à l'intérieur, ces mesures donnent 15 m. sur 6m40; les murs
ont 0m85 d'épaisseur, ils sont en moellons calcaires, biens (sic)
équarris; on remarque dans le mur sud ouest des briques romaines intercalées
sans ordre, il y en avait environ une centaine le long de ce mur,
provenant de sa démolition; il y en avait aussi qui calaient le sarcophage
H orné de gravures représentant une chasse aux sangliers. Une partie
de cloison se voit à 4m40 au sud est, et une autre à l'extrémité ouest.
Des arrachements de murs existent aussi au
sud; la largeur de la construction de ce côté mesurait seulement 5
m., elle était moindre de l'épaisseur des murs; ceux ci n'avaient
que 0m70 au lieu de 0m85 ; cet appartement était surélevé de 2 m.
à 2m50 par rapport au terrain actuel environnant, au sud; on a donc
dû enlever près de 2m50 d'épaisseur de terre de ce côté pour le niveler
dans l'état où il se trouve: lorsqu'on fit ce travail, on dût certainement
rencontrer des sarcophages, car il en existe encore la moitié d'un
emprisonné à l'angle sud est (en R du plan), c'est lui qui a attiré
notre attention en premier lieu.
Le dallage. Le
dallage du monastère était formé de larges pierres plates retrouvées
le long du mur ouest ; sur les sarcophages A B. C. et un angle de
mur accolé à l'autre et à l'intérieur, sur 1m50 de long; ces pavés
mesurent 0m35 de côté et 0m040 d'épaisseur ; ils étaient posées directement
sur les couvercles des sarcophages à l'aide d'un épais bain de mortier;
ce dallage doit remonter à la seconde moitié du VIe siècle,
à moins qu'il n'ait été repris, lorsque le monastère fut pillé par
les Normands au IXe siècle : et comme dès le XIVe
siècle on pavait déjà avec des carrelages céramiques, le pavage en
pierre doit donc être très ancien. Nous voyons ainsi que les murs
ou plutôt les fondations et une partie d'environ un mètre au-dessus sont de la fin du VIe siècle,
mais ces murs ont été réparés à la fin du IXe siècle, ainsi
que le prouve la réfection de l'angle sud-ouest, à côté d'un plus
ancien contournant le sarcophage A ; cet angle était recouvert
par le pavage ; et c'est sur ce pavage que nous avons retrouvé les
pierres ornées que nous allons décrire. Il est impossible de dire
si la seconde porte du monastère arrivait au point E, nous n'avons
pas retrouvé de colonne en ce point, tandis qu'il en existait une
de 0m27 de diamètre, située à 1m45 de l'angle sud-est et noyée
dans l'épaisseur du mur de 0m85 ; cette colonne était composée
de tambours de 0m19 à 0m23 d'épaisseur dont un sur deux était engagé
dans le mur par 2 tenons de 0m10 ; ce dernier formait 2 demi-tambours
: c'est une disposition jusqu'ici inconnue : il y avait
donc au sud une seconde porte, ou un arc triomphal. Objets trouvés. Cet
angle sud-ouest était le plus élevé ; deux épines ayant plus d'un
siècle avaient poussé dans un monceau de blocages où nous avons retrouvé une douzaine
de pierres ornées : 1° les unes mesurent 0m29 de longueur, 0m15
de hauteur et 0m18 à 0m22 d'épaisseur, elles sont ornées de deux
étoiles en creux ; elles formaient une frise continue, ou plutôt l'arc
d'une porte : sur d'autres pierres se voient des cubes ornés de losanges
gravés mesurant 0m135 de longueur sur 0m09 de largeur et 0m06 d'épaisseur
; une autre pierre portait deux diagonales se croisant et une troisième
au milieu, elle mesurait 0m265 de longueur, 0m08 d'épaisseur et 0m10
de hauteur ; enfin, des corbeaux ou consoles de pierre formés d'un
prisme rectangulaire de 0m28 de longueur sur 0m09 de hauteur, l'extrémité
porte une tête très sommairement indiquée ([16]);
nous avons trouvé aussi des petits cubes en tronc de pyramide en pierre
de 0m065 d'épaisseur dont les côtés de 0m07 présentent des petits
triangles creux pour retenir le mortier ; des pierres portaient aussi
ces trous pour retenir des enduits ou mieux pour adhérer au mortier.
Parmi les objets de céramique, nous avons recueilli contre les murs, et toujours dans l'amas de pierres de l'angle sud-ouest, une centaine de briques de 0m25 sur 0m17 et 0m03 d'épaisseur, des sortes de tuiles de 0m165 sur 0m14 et 0m13 d'épaisseur ; d'autres calaient le sarcophage H orné de gravures et d'une scène de chasse. Ces
pierres ornées d'étoiles à 4 branches et de gravures géométriques
ont pour nous une réelle importance, car elles concordent avec les
décors que nous retrouvons sur des boucles et des fibules attribuées
aux Goths et qui font leur apparition
Les
sarcophages.
Intérieur
du monastère de Pental, à Saint-Samson de la Roque, avec les
Un des sarcophages
porte sur le couvercle une chasse aux sangliers attaqués par des chiens
bassets. Tout d'abord, nous n'avions pas remarqué ces gravures assez
fines, la surface de la pierre étant recouverte d'argile détrempée
par la pluie, mais après de forts lavages de la surface tectiforme
du couvercle, elles apparurent. Par malheur, et pendant notre absence,
des visiteurs avaient soulevé maladroitement ce couvercle en pierre
très tendre et ils émiettèrent l'extrémité la plus large, sur environ
0m16 ; sa longueur primitive était de 1m88 sur 0m75 de largeur à la
tête et 0m30 aux pieds. On
y remarque une série de chiens bassets dans diverses attitudes, poursuivant
des sangliers ; l'un de ceux-ci se retourne pour faire tête aux. chiens
; l'un se tourne aussi et semble aboyer ; deux épieux (framées), placés
parallèlement, sont dirigés vers le sanglier ; dans un coin, un animal
a les pattes en l'air, ce qui permet de supposer qu'il a été tué ;
près de lui sont trois épieux de différentes formes placés parallèlement;
sur une des extrémités de l'auge, à la tête ; une autre gravure représente
deux chiens de profil ; il n'existe pas d'autres gravures. Nous avons
offert ce dessus de sarcophage et son extrémité, au musée des antiquités
nationales de Saint-Germain-en Laye.
Nous
devons aussi signaler un petit monument en pierre mesurant 0m13 de
côté sur 0m17 de hauteur; il représente sur sa face la plus étroite
(0m13) un personnage nu et debout, les mains ouvertes et près des
hanches, il paraît reposer dans un sarcophage, car il est traité en
bas-relief, et dans une cavité ; sur un côté, on voit 3 cerfs, et sur l'autre, un animal de profil entouré par 3 autres dont un est tenu en laisse par un petit personnage, un enfant plus petit que l'animal, cet objet est au musée de Dijon; il a été trouvé à Tréclun, canton d'Auxonne (Côte-d'Or). C'est probablement une petite stèle de chasseur de cerfs : les figures sont exécutées en très léger relief et non gravées ; il doit être du IIIe ou IVe siècle. Monument
de Treclun (Côte d'Or), musée de Dijon - communiqué
par
MM.Gasser et Socley. C'est
la première fois qu'une scène de chasse se voit gravée sur un sarcophage
mérovingien ; par contre, on en connaît en bas-relief sur des sarcophages
gallo-romains en marbre blanc. Nous pouvons citer huit sarcophages
mérovingiens en marbre ornés sur leur longueur d'oiseaux affrontés
: 1° Sarcophage de la cathédrale
de Vienne (Isère) ;
il est arrondi aux extrémités, il porte sur le côté et la longueur
des oiseaux affrontés devant un vase, des rosaces ornent les angles;
on lit une longue inscription ajoutée au Xe siècle sur
le couvercle tectiforme ; 2° Sarcophage découvert à Charenton-sur-Cher (Cher),
il est orné de deux griffons devant un vase. — 3° 4° 5° Dans son ouvrage
sur les sarcophages ornés de la Gaule, M. Leblant en a signalé trois
qui portent des gravures, ce sont ceux de saint-Andoche, saint Francovée
et saint Léonien; celui de saint Andoche a été scié, mais il a été
restitué dans l'église Saint-Andoche de Saulieu (Côte-d'Or); on y
voit aussi deux colombes becquetant des pampres ; 6° Sarcophage du. musée de Bourges, provenant du couvent fondé en 620
par Théodulfe; 7° Sarcophage
de saint Drausin, au musée du Louvre ; 8° Sarcophage
du musée d'Autun, arrondi
aux extrémités et orné de colombes. On peut citer encore les douze
colombes séparées par un chrisme sur l'autel du musée du Borely à
Marseille.
Chapelle
voisine de Notre-Dame de Pental.
Nous
avons déjà mentionné une petite chapelle transformée en pressoir;
elle mesure 10 mètres de longueur sur 6 mètres de largeur; elle se
trouve à environ 10 mètres de la route : sur sa face nord-ouest se
voit une porte en plein cintre un peu encastrée, et sans doute du
XIIe siècle, mais sans aucun décor; sur le côté Est, une
petite porte du XIIIe siècle a été rebouchée; elle est
aussi sans caractère architectural. Ce petit édifice était découvert
depuis longtemps et en ruines ; on l'a recouvert et aménagé en pressoir
vers 1890; il se trouvée 75 mètres de nos fouilles du monastère et
à 300 mètres de l'ancienne église paroissiale détruite en 1828. Par
suite, il est difficile d'admettre que les fondations que nous avons
retrouvées soient celles de l'église paroissiale qui aurait été reconstruite
dans le premier tiers du XIIe siècle, comme l'a écrit M.
le chanoine Porée dans sa notice sur le Monastère de Pental et l'église de saint Samson de la Roque (publiée
en 1923, p 19); il s'est trop pressé de devancer notre publication,
où justement nous avions prévu certaines objections.
Suivant nos habitudes, nous avons exécuté un relevé du plan cadastral pour permettre au lecteur de se rendre compte des distances et emplacements des divers édifices : 1°
L’Eglise abbatiale, collégiale et devenue paroissiale, détruite
en 1828, et située aux numéros 30 et 31 du cadastre ; elle
mesurait près de 25 à 30 m de longueur sur environ 15 m de large,
elle était située à 10 mètres du vieux chemin
du Bac, elle était orientée Ouest Est; 2°
La Chapelle Notre-Dame de Pental construite
à la fin du XIIe siècle (n° 94 du plan) et portant de très
nombreuses réfections, était encore mentionnée en 1692. 3°
Enfin, une prétendue église collégiale et paroissiale, qui n'est autre
que la partie du monastère que nous avons retrouvé
(n° 82 du cadastre). On
peut objecter la présence des sépultures à l'intérieur et à l'extérieur
de l'édifice; mais on oublie que ces sépultures sont au-dessous et
au-delà du monastère; les mérovingiens plaçaient ordinairement leurs
sépultures à flanc de coteau, comme ici, et ces sépultures sont certainement
antérieures au monastère.
Nous
avons cherché vers l'angle opposé, à 1m45, s'il s'en trouverait une
seconde, mais nous n'en avons pas trouvé. Cette colonne était sans
doute du Xe ou XIe siècle et d'un appareil très spécial, puisqu'elle se composait de tambours de 0m22, tantôt cylindriques avec un petit segment intérieur
enlevé pour s'appuyer contre le mur et alternant avec d'autres formés
de deux demi-tambours terminés par un petit tenon à queue de 0m10
enfoncé dans une rainure au centre du mur. La largeur de cette porte pouvait mesurer
au plus 3m45([21]);
elle était sans doute divisées (sic) en deux parties par un meneau.
Nous avons retrouvé
les pierres du monastère dans les constructions voisines et même une
rosace en terre cuite encastrée dans une pierre d'angle d'un hangar,
rappelant celles de l'église abbatiale détruite en 1828, et que nous
avons reproduite ; personne ne l'avait remarquée avant nos fouilles,
car personne avant ne soupçonnait l'intérêt que pouvait avoir cet
endroit où nous avons complètement exploré un espace de 20 mètres sur 12 mètres et fait des sondages de reconnaissance
sur 150 mètres au moins de longueur et 45 mètres de largeur, sans
trouver d'autres fondations.
L'Eglise abbatiale et paroissiale. Les
sculptures mérovingiennes et carolingiennes sur pierre sont rares
dans toute la France ; les premières qui ont été signalées en Normandie
par M. Le Prévost, dès 1828, puis par M. de Caumont, appartenaient
à l'ancienne église de Saint-Samson de la Roque. Nous empruntons à
M. A. Le Prévost sa description de ce précieux monument qu'il a pu
voir, vers 1828 ; et déjà il le croyait antérieur au Xe
siècle ([22]). Il avait obtenu que son collègue Rever, né près de cet endroit à Conteville s'y intéressât aussi ; mais ce dernier était très âgé, et il vint à mourir le 12 novembre 1828, la démolition eut lieu la même année. Eglise abbatiale, collégiale et paroissiale de Saint Samson de la Roque (Eure), d'après la gravure de JS Cotman -1820 - et la lithographie de Ed. Lambert -1828
«
L'église de Saint Samson était relativement moderne et loin « d'appartenir
tout entière à des constructions antérieures à l'invasion normande.
Le portail présentait une entrée en forme
d'ogive, à deux ressauts, sans moulures, surmontée de trois
fenêtres à lancettes et d'une petite rose avec quatre contreforts modernes. » De
chaque côté de la nef principale, quatre arcades pointues étaient
portées sur des piliers carrés à simple tailloir, moins récents. Les
murailles extérieures de cette nef étaient les parties les plus anciennes
de l'édifice. On distinguait à l'extérieur, au milieu des matériaux
grossiers dont elle était composée, plusieurs fragments de pierre
sculptée, dont l'un orné d'un cordon de perles, provenait d'une construction
plus antique encore ([23]).
La muraille du côté de l'épître (côté Sud) appartenait, comme la précédente,
à la construction la plus ancienne ; c'est sur sa face extérieure
que se trouvaient encastrées plusieurs inscriptions, ainsi qu'un cadran
solaire très grossier. On y voyait, particulièrement dans sa partie
supérieure et autour des fenêtres, un assez grand nombre de briques
offrant, par leurs dimensions longues et étroites, quelque analogie
avec les briques romaines. Ces deux murailles étaient flanquées de
contreforts très minces ([24]).
Près du portail, l'une et l’autre étaient percées d'une porte de
construction très rustique, et bouchée depuis longtemps. Chacune d'elles
se composait de deux énormes jambages et d'un linteau triangulaire
non moins grossier, formant une espèce de fronton ou tympan ([25]). Dans
la nef étaient renversés plusieurs entablements de piliers carrés,
chargés de quatre feuilles.
Le
chœur assez insignifiant était percé, à son extrémité, d'une fenêtre
à lancette. A droite et à gauche de l'entrée de ce chœur avaient existé
deux absides latérales, ornées d'arcades extérieures. Celle du côté
sud de l'épître avait été fort anciennement remplacée par un clocher
carré, de construction romane primitive. La porte de la tourelle servant
d'escalier offrait une arcade semi-circulaire, décorée d'un rang d'ornements
rappelant l'empreinte en creux d'un pied de cheval ([27]).
L'abside latérale, du côté de l'évangile, était bouchée et remplacée
par une muraille plate, devant laquelle s'élevait à l'intérieur un
autel formé de pierres grossières. Au point de jonction de ce mur
plat avec celui de l'abside, vers l'extérieur, se trouvait employée
une pierre provenant d'une démolition antérieure, une de ses faces
engagées était chargée d'entrelacs et de caractères, les uns de petite
dimension et presque superficiels, les autres plus grands où on lisait
le nom gvlfardvs, qui
est peut-être celui du sculpteur ([28]).
A. Le Prévost a cru pouvoir ainsi lire une des inscriptions: VINON
VIXSI IAN IIVI POIS ABC MORTVVS FVII MRES ALTUN A.
Le Prévost ne croyait pas pouvoir faire remonter cette inscription
plus loin que le IXe siècle, c'est encore l'opinion de
professeurs de l'Ecole des Chartes, que nous avons consultés. Ces
inscriptions devaient probablement surmonter des tombeaux ou indiquer
des sépultures sous le dallage. Il
a publié deux autres inscriptions dont une de la fin du Xe
ou du XIe siècle, car la date n'y figure pas ; l'une a
été gravée dans le voyage des élèves de l'école centrale d'Evreux,
de Rever, (p. 122, pl. VI) et pl. X de l’Atlas des Antiquaires
de Normandie, 1826 ([29]). Rever
a parlé d'un voussoir en briques qu'il avait remarqué dans sa visite
de 1799 de cette église ; les briques avaient été employées dans
la partie supérieure de la nef, surtout autour des fenêtres, elles
présentaient quelque analogie avec les briques romaines, comme épaisseur.
A. Le Prévost ne les a pas vues, en place, lors de sa visite, mais
il eut la chance de trouver d’autres briques de formes très variées
dont il rapporta cinq exemplaires recueillies parmi les démolitions
de l'église et qui avaient été apportées au bord de la Risle; 1°
brique à face extérieure carrée de forme prismatique ; 2° brique
rectangulaire; 3° brique imbriquée ou en forme d'écaille de
poisson ; 4° brique rectangulaire avec un denticule au centre
ayant pu former des denticules dans une corniche de plafond; 5°
une sorte de losange à côtés concaves, Peut-être certaines de
ces briques ont-elles servi à faire une sorte de mosaïque, comme
sur l'extrémité de l'abside de Saint-Taurin à Evreux ou plutôt sur
l'archivolte d'appareil décoratif du portail de l'église Saint-Martin
d'Ainay à Lyon, de Distré et du Lion d'Angers. A.
Le Prévost croyait que les murailles de la nef avaient pu appartenir
à la première construction, ainsi que le mur de séparation de la nef
et du chœur, les colonnes et les chapiteaux; les murailles de la
nef étaient formées de débris d'un édifice plus ancien. Une
inscription que nous reproduisons également a trait à la réparation d'un arc qui s'était rompu
et fut réparé ; cette inscription est aussi de la fin du XIe
ou du début du XIIe siècle ; elle se trouvait à l'intérieur,
à 2 mètres de hauteur près d'un voussoir formé de grandes briques
et près de pierres ornées; Rever la datait à tort du VIIIe
siècle ([30]),
une partie de la seconde ligne n'est plus visible, M. P. Deschamps,
la lit ainsi : ARCVS, ISTE, FVIT,
FRACTVS ECCE, JAM, EST, EMENDATUS. Dans
ces conditions, cet arc n'aurait pas été reconstruit au Xe
siècle, après les ravages des normands, comme l'a écrit M. le chanoine
Porée, la réparation aurait eu lieu cent ou cent cinquante ans après
; cette inscription serait au musée d'Evreux ; il en existe un moulage
au musée des antiquaires de Normandie à Caen. Nous reproduisons
également un grafitte très intéressant du musée d'Evreux offert aussi
par A. Le Prévost, qui est beaucoup plus ancien et mérovingien, du
VIe ou VIIe siècle
; on remarquera surtout la lettre capitale B qui commence le premier
mot du cantique de David, et fait penser aux initiales ichtyomorphiques
des manuscrits mérovingiens ; de même, la graphie scirpsit, au
lieu de scripsit et l’r de vir; c'est une variante du cantique des vêpres : « Beatus
vir qui timet Dominum in mandatis ejus volet nimis. » BEATVS.
VIR . QVI NON HABIIT 1NCONSILIO IMPIO RUM. AVITVS SCIRPSIT IPSE
Nous nous sommes servis d'une lithographie de Lambert et de l'eau-forte de Cotman pour composer la vue de la nef de l'église abbatiale ; nous avons modifié les arcs, car ceux de Lambert sont un peu ogives, ainsi qu'ils se trouvaient, mais cela ne correspondait pas aux piliers plus anciens, ainsi que l'a fait remarquer A. Le Prévost, lors de la démolition de l'église en 1828 ; ces arcs avaient été refaits; primitivement, ils ressemblaient à ceux de l'abbaye de Bernay (Eure), de Château Landon, de Valcabrère près Saint-Bertrand de Comminges, de Saint-Victor à Marseille. Ces
quelques épaves fort curieuses font vivement regretter la disparition
de cet édifice si précieux par ses détails et on est surpris que Rever
qui fouilla le théâtre de Lillebonne et explora les importantes ruines
du Vieil Evreux et qui habitait à 5 kilomètres de là, n'ait pas songé
à sauver d'une ruine imminente ce qui restait de ce monastère, car
l'église abbatiale et collégiale qui avait Une
longue expérience nous ayant démontré que les fouilles procurent toujours
quelques renseignements, nous avions projeté d'explorer l'abside de
cette église et de rétablir le plan en recherchant les fondations.
Le propriétaire M. Harel s'y opposa, à cause de ses foins, il nous
promit de nous laisser faire nos recherches quand son pré serait fauché
en septembre ; nos demandes furent toujours différées par la crise
de main d'oeuvre encore plus rare dans l'arrondissement de Pont-Audemer
et la vallée de la Risle, où chacun possède ; les villages sont très
peu habités. Enfin, le propriétaire étant décédé, la veuve nous a
dit qu'elle s'opposait à nos recherches; nous sommes obligé (sic)
de le dire, car on pourrait être surpris que nous n'ayons pas continué
nos recherches.
Retranchements
— Moites de Tinetot et de Prémanoir. — 1° Tinetot.
Sur la hauteur et près d'une ferme isolée se voit une motte n'ayant
plus que 4m environ de hauteur, les fosses ont disparu vers 1880,
et sa hauteur a été abaissée au niveau actuel ; primitivement, elle
mesurait environ 15m de diamètre ; elle est située à l'ouest et à
80m de la ferme de Tinetot, à 6 ou 8m
du bord du bois et du Val aux Renards. 2°
Prémanoir. Plus loin, à l'ouest, à environ 100m du bord du
bois et d'une prairie, à 50m de la déclivité dite Côte des Aigles
ou Angles dominant la Risle, se voit la butte de Prémanoir,
elle n'a que 5 à 6m de hauteur du fond du fossé qui mesure 4m de
largeur et 3m de profondeur au plus ; le diamètre est de 40 à 45m
; les bords supérieurs forment un léger talus de 2m de largeur ; par
suite, le centre forme une partie un peu concave. Au sud, se trouve
le vallon de Prémanoir. (Nous supposons que c'est bien cette motte
que A Le Prévost, Fallue et Canel ont désignée sous ce nom).
A
environ 1000m au Nord se voit un autre rempart d'environ 250m de long,
avec fossé, dans lequel existe une brèche vers l'Est; le phare se
voit à 50m au Nord; il domine la falaise crayeuse de la Pointe de
la Roque. On a trouvé des ossements humains sur la face Ouest de ce
triangle. Sur la face Est, à 30m du petit talus se trouve la dernière
partie de la grotte de St-Béranger (Saint-Germer) où il se retira
en quittant le monastère de Pental. On voit dans la déclivité et près
du sentier boisé les ruines d'un Ermitage. En
face, au N.-E., de l'autre côté de la Risle, se trouve le petit éperon
barré dans la propriété de Mme Bunel, à la Garenne ; en face, au Nord,
de l'autre côté de la Seine, le grand camp de Sandouville ([32]). [1] 1° Mémoire sur quelques monuments du département de l'Eure, 1828 ; — 2° Mémoires et notes pour servir à l'histoire du département de l'Eure (T. III, p. 197, 199). [2] Dictionnaire historique du département de l'Eure (T. II, p. 864). [3] Nous avons mis en italiques les parties absolument inventées. [4] L'ermitage de Saint Béranger, à la pointe de la Roque figure sur les cartes de Cassini ; on en voit des vestiges dans le bois, au bord de la falaise. [5] Acta sanctorum
ordinis S.Benedicti Seculum I, Vita S. Samsonis episcopi
Dolensis in Armorica (p. p. 165 à 185 ; p. 175 § 38) [6] Acta sanciorum
T. /, p. 180 § 59 « In hoc monasterio ita scribit Baldricus
Dolensis Antistes » cap. 6. « Locum illum Pentale seu Pentaliense
(quasi Pœnitentiale) Monasterium secundum. Britannicae linguae
idioma vocavit. In ipso Monasterio
S, Samson sepultus legitur in Vita a Boscio édita, his verbis :
cujus corpusculum in Monasterio Doli Penetale sub spe futura
resurrectionis positum est.” [7] Acta
sanctorum ordinis S. Benedicti. Seculum II, Vita S. Geremari abb.
Flaviacensis (p.
478 § 12) “ Eodem tempore Dagoberto mortuo, anno undecimo régnante
Chlodoveo Rege, correctus est B Geremarus in viam salutis aeternae.
Videns ergo quoniam nihil in mundo perpetuae mercedis animae suae
acquirebat, sed magis detrimentum perpetuum illi praeparabat adhortante
eum B Audaeeno, adiit Regem Chlodoveum, petiit que ab eo ut filio
suo quod pater ejus concessit concederet et capitis comam ei deponere
liceret, seque in Monasterio
ad serviendum triaderet. Per jussionem autem Régis licet abnegantibus
Francis tonsuravit eum B. Audœnus, dédit que illi Monachilem habitum
: et instruens illum coelestibns disciplinis misit eum in Monasterium
Pentalli vocabulo denonciatum, ut ibi fuisset in obedientia Abbas
et Pastor ovium Christi et illuminator animarum. ... §. Cum Magno ergo gemitu et
lacrymis suspiriis cordis suscipit regendum Monasterium. Relicta
autem uxore et filio et omnibus hugus mundi curis secundum Evangelicum
preciptum secutus est Christi Jesu vestigia, et abiit in Monastenum
quod supra nominavimus Pentallum in pago Rotomagence super ftuvimn
Lizirinum. (On a mal recopié le nom de Rizela, cité plus
haut ; on a changé la première lettre R en L). Cujus vita qualis, quam sancta ibi
cunctis revulsit, testantur sanitates et plurimae incolis fastae
virtutes, et in omnibus contemplativae vita congruentibus. •
Istius monasteri conditor, non S. Audoenus (uti Arturus in Neustria
pia eum Antonio Yepez putat sed Childebertus senior in gratiam S.
Samsonis qui ex antro proximo serpentem ejecit Lege librum i vitae
S. Samsonis. Saeculo 1 ad annum 565. Quod quidem Monasterium
ad Litizinam amnen, vulgo la Lizaine, interHonfluentum et Pontem-Audomati
olim situm, adhuc extabat seculo IX
prout apparet ex gestis Ansegisi Abbatis, qui in Chron. Fontanell.
cap. 16. ad Pentale Monasterium solidos XV, legavisse dicitur
» L'éditeur de la Vita Geremari ajoute
quelques détails qui ne précisent pas beaucoup plus lorsqu'il dit
que le monastère était situé entre Honfleur et Pont-Audemer ; ces
deux localités étant distantes de 30 kilomètres en ligne droite,
on pouvait donc creuser pendant un siècle pour retrouver Pental
sur ce vaste espace. [9] Nous copions cette
partie de la note de M. Depoin (Vie de saint Germer, publiée dans
le bulletin de la Société franc. d’archéol. Congrès Beauvais
1905, pp. 392 à 406), Saint Germer naquit à Vardes, près de Neufmarché
(Oise) , il devint conseiller du roi Dagohert, il épousa une jeune
fille nommée Domène, d'une grande famille (comme la sienne) : elle
lui donna deux filles qu'il perdit et un fils Amaubert, qui fut
baptisé par saint Ouen (Audouin), référendaire du. roi. Amaubert
étant devenu grand, succéda à son père, et celui-ci se serait retiré
dans une île de l'estuaire de la Seine, nommée Pentale ;
Germer y aurait édifié un monastère en 550 ou 552 ; il revint auprès
du roi, puis de la reine Nanthilde, devenue veuve ; ce n'est qu'en
649 qu'il serait retourné à Pental, abandonnant son fils, sa femme
et ses biens ; ce fut son ami saint Ouen, devenu archevêque de Rouen
qui lui aurait coupé les cheveux, pratiqué la tonsure et donné la
direction du monastère (on voit comment M. Depoin a modifié et amplifié
le texte). Ayant appris la mort de son fils, Amaubert, il
se dirigea vers le lieu de son décès avec une procession de moines
et fidèles ; arrivés au gué de Baniacus, Vaniacus ou Ganiacus
(Gasny actuel), ayant fait ouvrir le cercueil, et très ému, il résolut
de fonder un petit hôpital en cet endroit pour douze pauvres. Puis
il employa la fortune qui lui revenait de son fils pour fonder le
monastère de Saint Germer à Fly-du-Désert, près de Gournay, où il
mourut le 30 décembre 664. Nous pourrions
aussi relever les erreurs commises dans une notice intitulée le
Monastère de Pental et l'église de Saint Samson de la Roque
où se trouvent rapportées des légendes invraisemblables auxquelles
l'auteur a ajouté des documents incomplets et inexacts qui lui furent
transmis par une personne qui avait assisté à nos fouilles et à
une conférence que nous avions faite, lors d'une excursion. [10] Maassen, concil
aevimerov, I, p. 141. [11] Chronique de Fontenelle
cap. 16. [12] Nous ne pouvons voir un autre sens dans son texte (III. 623) où il dit que l'église de Dol « fundos habebat... » et ne laissait rien supposer de plus, au sujet de Pental. [13] F.Rever. Voyage des élèves du pensionnat de l’école centrale de l’Eure pendant les vacances de l'an 8 (1800) p. 120 et note XX, p. 174, pl. VI. [14] Nous devons tout d'abord remercier M. Toutain (Jean Revel), le très distingué littérateur normand de nous avoir permis de fouiller son terrain, d'avoir laissé les fouilles visibles, et de nous avoir donné une cordiale hospitalité, car dans ce village les habitations sont rares et disséminées. [15]
Les pierres
ornées d'étoiles doivent être placées perpendiculairement à l'arc
et former ainsi deux rangs parallèles l'étoiles. [16] Nous en rapprocherons les corbeaux en terre cuite trouvés en 1923, dans les fouilles de l'église de St-Benoit-sur-Loire, décrits et figurés par M. l'Abbé Chenesson, et qui peuvent remonter au VIIe ou VIII' siècle. (Bul. Soc. Arch. hist. de l'Orléanais , 1923, p. 46). [17] Voir reconstitution ci-dessus. [18] Th Eck Les deux, cimetières gallo-romains de Vermand et de Saint-Quentin. pli XV, fig. 1, 2, 3 et pl. XVI, fig. 89. — L Coutil et Roland. Le cimetière mérovingien de Villevenard (Marne) [19] Le roi Childebert, pour récompenser saint Samson d'avoir débarrassé l'embouchure de la Risle des ravages d'un serpent lui donna le terrain où il se trouvait et ses dépendances pour y construire le monastère de Pental. [20]
Nous reproduisons une série de demi-tambours de colonnes du mur
du château de Larçay, près Tours ; [21] Nous avons commencé une enquête pour retrouver des demi-tambours engagées (sic) analogues à ceux de Pental, mais nous ne trouvons que des demi-tambours faisant corps avec le mur, comme dans la crypte de Saint Aignan à Orléans, qui date de 989 ; on y remarque des chapiteaux ornées (sic) de palmettes analogues à ceux de Saint Samson et ornés aussi sur trois côtés ; l'église Notre-Dame de la Couture, au Mans, offre aussi les mêmes demi-tambours et chapiteaux, ce qui permet de dater la colonne de Pental du Xe et certainement pas postérieure au début du XIe siècle. [22] A. Le Prévost. Mémoire sur quelques monuments du département de l'Eure, et particulièrement de l'arrondissement de Bernay. (Mém. antiq. de Normandie 1828 p. 472 à 495) [23] Ces fragments sont au musée d'antiquités
de la société des antiquaires de Normandie à Caen ; ils ont été
reproduits dans le Magasin pittoresque (mai 1864) et dans
l'Abécédaire d'archéologie, architecture religieuse de de
Caumont (5e édition 1870, p 87, 88); l'Annuaire de
5 départ. de Normandie 22e année, 3 pl.) ; une grossière
tête humaine accompagne ces fragments de pierre. Nous les reproduisons
en faisant remarquer leur analogie avec ceux de la chapelle St-Saturnin
à Caillouville, près St-Wandrille (Seine-Inférieure), aussi du IXe
ou Xe siècle. [24] Comme ceux des églises mérovingiennes et carolingiennes de Rugles (Eure) et de Ouilly-le-Vicomte (Calvados). [25] Cette description des portes rappelle celle des églises de Périers(Calvados) et Anisy , que nous avons reproduite à propos de Rugles, arrondissement d'Evreux, nous nous sommes basé (sic) sur cette description pour restituer la porte et l'arc triomphal du monastère. Nous ferons remarquer que les colonnes qui supportaient l'arc triomphal de la grande église abbatiale du monastère de Pental, détruite en 1828, étaient énormes, monolithes, et du début du XIe siècle, tandis que celles de l'édifice que nous avons découvert étaient de moitié plus petites, et totalement différentes. [26]
Ces chapiteaux du début du XIe
siècle offrent des analogies avec ceux de Saint-Vital à Ravenne,
de Sainte Scolastique à Subiaco (ltalie), Vilaines (Seine-et-Oise)
et Saint-Hildevert de Gournay, abbaye aux Dames, la Trinité, à Caen
(1066), Cenac, près Domme (Dordogne), crypte de Champdieu, près
Montbrison (Loire). Rever avait eu l'heureuse idée de faire apporter
ces deux chapiteaux chez lui, à Conteville, peu de temps avant sa
mort ; ils ont été ensuite transférés dans la salle des réunions
de la société libre de l'Eure, à Evreux, qui a été bien inspirée
de conserver à l'abri ces deux intéressants documents, car les autres
pierres sculptées données par la société au musée de la ville sont
dans le jardin public, dans celui de la Préfecture, ou la cour du
Grand Veneur, depuis 60 ans, soumises à toutes les intempéries,
et aussi exposées aux dégradations des passants et des grévistes,
comme on l'a vu en 1920. Cotman a reproduit ces chapiteaux et la partie de l'église dans son bel ouvrage : Architectural antiquities of Normandy) (T. U. p 83 et 99) : texte par Dawson Turner. [27] Comme au portail de Foulbec, à 2.500 mètres de distance. [28] Au musée des antiquaires de Normandie à Caen. [29] Ces briques se trouvent au musée d'Evreux dans la grande vitrine du cimetière gallo-romain des Quatre-Acres (St-Louis); elles mesurent 0m54 X 0m24 et 0m10 d'épaisseur; et 0m40X0m25 et 0m10 d'épaisseur ; sur l'une on lit ; Hic requiescunt corpora srcerdotes... Benedicfi qui obiit. [30] Rever. — Note sur deux objets du Moyen-Age découverts dans l'ancienne abbaye de Saint Samson sur Risle, (M.ém. Soc. ant. de Normandie, 1826, pp. 206 à 209. [31] Le dernier curé de
Saint-Samson fut l'abbé Leprince, du diocèse de Dol, nommé
doyen de l'église collégiale et paroissiale de Saint-Samson de la
Roque, le 5 décembre 1781. Un plat en émail cloisonné du trésor de l'église de Saint-Ouen de Pont-Audemer représentait la légende de Saint-Samson. [32] Le premier qui a parlé de ce camp est A.Canel, il a donné quelques lignes sommaires en 1834 (Essai historique, archéologique et statistique sur l’arrondissement de Pont-Audemer (Eure). L’année suivante en 1835, Fallue l’a cité aussi (Mémoires sur les travaux militaires antiques des bords de la Seine) (Mém. soc. ant. Normandie, T. IX, 1835, p 205). Enfin , sans rien ajouter ni préciser, mais en recopiant ces auteurs et en donnant aussi deux kilomètres de longueur au talus soit 1500m de trop, M.J.Leroy a donné aussi une note (le Camp retranché de Saint Samson de la Roque (Eure) Bull. Assoc. Franc. pour avanc. sciences. Congrès de Reims 1907, p 879-880). |
Après le texte et les illustrations de 1925, voici des textes et des images actuelles.
Le livre " L'Eure de la préhistoire à nos jours " publié en 2001, sous la direction de M. Bernard Bodinier aux Editions Jean-Michel Bordessoules, traite abondamment de l'abbaye de Pentale, comme en témoignent les citations ci-après.
Les monastères
[…] A en croire les témoignages de l'époque, l'effectif des moines était déjà très important à Pentale au VIIe siècle. C'est probablement en raison de cette affluence de recrues que fut créé un second monastère au nom lui aussi typiquement breton, l'abbaye de Pennante, connue par deux textes : l'un est le testament de l'abbé de Fontenelle Anségise (+ 833) où son nom suit celui de Pentale, l'autre un martyrologe carolingien où est évoquée la mémoire d'un saint Saivold honoré au monastère de Pennante, et qui en fut sans doute le premier abbé. On a longtemps cherché en vain l'emplacement de cette abbaye disparue. Mais d'une étude récente, il ressort que l'on aurait plusieurs bonnes raisons de la situer dans la vallée de la Vilaine, petit ruisseau qui coule parallèlement à la vallée de la Risle. La commune de Saint-Pierre-du-Val, aux sources de la rivière, a en effet possédé autrefois deux églises, l'une dédiée à Notre-Dame (c'était primitivement le siège de la paroisse de Sainte-Mère), l'autre, la seule qui subsiste aujourd'hui, sous le patronage de saint Pierre. Situées à moins de 200 mètres l'une de l'autre, ces deux églises semblent bien représenter le souvenir d'un couple de sanctuaires comme il en existait communément dans les abbayes du haut Moyen Age. L'abbaye-mère de Pentale présentait une disposition tout à fait semblable, avec une église principale sous le titre de Saint-Pierre et, à quelque distance, une église Notre-Dame à usage de basilique funéraire : on voit encore à cet endroit, sur un terrain qui est aujourd'hui la propriété du département de l'Eure, les sarcophages d'un cimetière du VIIe siècle mis au jour par Léon Coutil en 1922. (page 100)
La colonisation scandinave. […] Vikings : les moines de La Croix-Saint-Ouen avaient fui sans retour avec leurs reliques ; la terre des moniales d'Andely appartenait à la cathédrale de Rouen au XIe siècle ; une partie du patrimoine foncier des moines de Port-Mort, à Longueville, était la propriété du duc encore peu avant 940 ; de même, les anciennes abbayes de Pentale, de Pennante et de Préaux n'existaient plus au Xe siècle, ni le petit monastère de Fleury, sur l'Andelle. Pentale comme Pennante se trouvaient dans une enclave du diocèse breton de Dol sur la basse Risle et l'estuaire de la Seine. On a longtemps ignoré jusqu'à la localisation de l'abbaye de Pennante, à Saint-Pierre-du-Val. Saint-Samson-sur-Risle (cne de Saint-Samson-de-la-Roque) était très probablement le site de l'abbaye de Pentale, fondée au VIe siècle par saint Samson de Dol. Or là, la mémoire du culte et du sanctuaire ne fut pas effacée. Une église paroissiale de Saint-Samson y fut consacrée en 1129, et par l'évêque de Dol, l'enclave bretonne ayant été de surcroît préservée ! Les bâtisseurs de l'église remployèrent quantité de matériaux sculptés préromans. Aux alentours se dressait également une chapelle, romane dans son dernier état mais entourée d'un cimetière mérovingien. (page 119).[…] L'art médiéval dans l'Eure.
Pentale (Saint-Samson-sur-Risle) Fondée par saint Samson de Dol peu avant 550, l'abbaye n'a pas survécu aux invasions. Une église paroissiale remontant sans doute au premier tiers du XIe siècle, puis remaniée et consacrée en 1129, a survécu jusqu'en 1827 et nous la connaissons par les descriptions de François Rever et de John Sell Cotman. Divers éléments préromans y étaient remployés. Ce sont en particulier des claveaux de brique moulée, des arcs destinés à recevoir des imbrications et une brique à inscription dont la graphie a été datée du dernier quart du VIIIe siècle par Jean Vezin. Des structures architecturales de date variée ont été retrouvées sur le site mais ont fait l'objet d'une approche méthodologique erronée par Léon Coutil. Il convient d'insister sur la présence d'un décor architectural en brique, suivant un principe bien défini par exemple au baptistère de Poitiers et qui se maintiendra sous une forme plus sommaire dans les édifices normands jusqu'à l'aube du XIe siècle.(p 154). […] Les constructions de l'an mil.
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